J'avais repéré des lichens extraordinairement développés et conservés juste à côté de chez moi, je les présenterai dans la prochaine série. En remontant l'avenue recouverte de ces petits symbiotes, je découvre l'univers du muret de béton dont la peinture a été enlevée et remplacée par ces êtres miniatures.

Voilà le muret, que l'on enjambe ou bien sur lequel on marche en équilibre mais que l'on ne regarde jamais vraiment, tout occupé par notre jeu, par notre chemin ou bien par l'officine qui se trouve à son côté.

Sur le côté, plus près du sol et plus loin des piétinements, on peut voir de savants mélanges de couleur et d'espèces. Comment ces répartitions se font-elles? Ce lichen jaune est-il en fin de vie? La mousse va-t-elle recouvrir les lichens blancs omniprésents sur le reste de la structure?

Les lichens colorés semblent perdre la bataille sur toute la structure. Est-ce que ce type de «sol» leur est défavorable? Est-ce la concurrence avec ce lichen blanc qui soit impossible?

Ici, on voit les différents éléments comme des parties de l'image, certains sont vivants et les autres non, tout semble immobile à mon œil comme à celui de mon appareil photographique. Les formes et les arrangements, contenant ou non de l'ADN, ont été façonnés par les mêmes lois physique et partagent des formes communes.

Magie de l'univers, magie de la science dans laquelle je me plonge et qui m'apporte de nouvelles questions en même temps que mes précieuses réponses, ainsi que de nouvelles personnes avec qui en parler et qui partagent avec moi ce joli point d'interrogation sur notre monde.

En haut à gauche, un reste de peinture vert foncé, vierge de tout envahisseur marin ou moussu comme toutes les parties peintes subsistantes de la structure.

Le lichen jaune, presque disparu, semble avoir fait florès à une époque passée à cause de la disposition étalée de ses thalles et de l'énorme trou qui les sépare.

Le lichen vert semble avoir une structure et une forme de développement différentes de celles du jaune et du blanc, comme s'il ne développait jamais vraiment ses thalles comme les autres ou bien qu'il soit d'une physiologie très particulière. Ici encore, peut-être qu'il ne se développe pas complètement à cause de la nature du sol.

On peut voir ici un petit lichen jaune pris dans les creux et bosses de son support.

Le lichen ayant besoin de lumière pour que son algue puisse assurer la photosynthèse qui le nourrit, son «bras droit» ressort vers la lumière après avoir suivi la courbe d'une petit anfractuosité.

On peut voir aussi une chose que je trouve très curieuse. Près de ce lichen jaune, des petites plumes qui semblent végétales, trop grosses et trop solides sur ce milieu asséché pour être des moisissures, présentes très ponctuellement et que je n'avais pas vues avant d'observer la photo. Qu'est-ce donc?

Les différentes parties du lichen blanc, seul vivant visible sur cette image.

Les restes de peinture diluée dans la pierre cassée semblent vagues de bitume avec reflets de ciel ou d'habitants marins, les cailloux figés du haut représentant la plage.

Le lichen devient alors une vague de pierre,
attendant l'ère prochaine pour entamer son reflux.

Oh, «Et la première image?» me direz-vous.

Un lichen entouré de mousses. Les lichens sont souvent pionniers dans la colonisation de nouveaux espaces et donnent l'accroche nécessaire aux mousses (épiphytes?) pour venir coloniser à leur tour.

Ici, l'on peut observer un lichen complètement entouré par une mousse. Il a encore la lumière nécessaire à sa survie, mais pour combien de temps? La mousse finira-t-elle par le recouvrir? Est-ce un modus vivendi qui n'évoluera que très peu?

Pourtant, par rapport à l'image du dessus, le lichen semble plus vivace. Peut-être parce que la mousse environnante maintient un taux d'humidité lui permettant de prospérer, ce qui lui permet de résister à l'envahissement progressif de son protecteur zélé.